Yves Loichot naît le 16 juillet 1926 à Philippeville, en Algérie.
Il n’a que treize lorsque la guerre éclate en 1939. Autour de lui, les hommes de la famille s’engagent dans le conflit. Il décide à son tour de se battre contre l’occupant et va tout faire malgré son âge pour rejoindre les hommes qui se sont engagés pour servir la France auprès du général de Gaulle.
Nous sommes en 1943, Yves n’a alors que quinze ans et demi.
LE DÉSİR DE SE BATTRE POUR LA LİBERTÉ
Son grand frère Raoul LOICHOT ainsi que son beau-frère sont déjà dans l’Armée.
En 1943, Raoul quitte la ville de Blida où il se trouve avec le 65e Régiment d’Artillerie. Il rejoint la Libye où il pourra s’engager dans les troupes de la France libre.
À Alger, on fête la Libération de la Corse au camp de Rouiba.
Yves Loichot rejoint son frère Raoul au 3e BIA (Bataillon d’Infanterie de l’Air) où il signe son acte d’engagement le 1er octobre 1943.
Le 25 octobre 1943, à Alger, Yves Loichot embarque sur le Samaria, arrive à Liverpool le 7 novembre par un froid glacial et rejoint le camp d’Auchinleck en Écosse avec tous ses camarades.
Yves est affecté à la 3e compagnie du 3e BIA.
Après un stage intensif d’aguerrissement, il est envoyé à Ringway pour y suivre une formation de parachutiste. Il obtient son brevet le 20 janvier 1944.
En juin, Yves et ses camarades sont prêts et mis au secret jusqu’au 26 juillet.
Yves Loichot attend sa première mission.
OPÉRATİON DİCKENS
L’opération DICKENS débute dans la nuit du 14 au 15 juillet 1944.
Cette mission est confiée au capitaine FOURNIER qui dirige une équipe de soixante-dix hommes du 3e Régiment de Chasseurs Parachutistes SAS, commandé par le commandant CHATEAU-JOBERT.
Divisés en petits groupes, les parachutistes du 3e RCP agissent sur l’ensemble de la région Poitou-Charentes-Vendée (à l’exception de la Charente-Maritime) et sur les départements de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire.
La mission principale des parachutistes du Special Air Service consiste à détruire systématiquement toutes les voies ferroviaires et routières et à mener des actions de harcèlement contre l’ennemi.
Très rapidement, ils entreprennent également l’armement des maquis grâce aux parachutages d’armes.
Son frère Raoul raconte :
"Dans la nuit du 26 juillet 1944, notre Stick le 8e, qui comprend trois groupes, est parachuté.
Le premier groupe se compose de René PLATEL, André LABORDE,
Maurice GELOT, Bénites GARCIA ; le deuxième groupe de Jacques NOEL, Gérard BLANDINEAU, Michel PETIT ; le troisième de SIMONET, mon frère Yves et moi."
Avec ses camarades du Stick du sergent ROUX, Yves Loichot participe à différentes opérations dans la région de Montreuil-Bellay et de Thouars : missions d’observation, sabotages, quatre embuscades, attaques avec prises de matériel à l’ennemi et capture de nombreux prisonniers allemands.
Jusqu’au 18 août, le stick sous la direction de Pierre ROUX opère dans le secteur de Montreuil-Bellay.
Il participe également à la libération de plusieurs villes, notamment celle de Montreuil Bellay le 1er septembre 1944 et celle de Thouars le 2 et 3 septembre.
Du 10 au 14 septembre 1944, toujours avec son groupe, il opère en Vendée dans la région de Fontenay-le-Comte et Luçon. C’est à Luçon que les parachutistes procèdent à l’arrestation de cinq collaborateurs pour "intelligence avec l’ennemi".
Yves Loichot rejoint ensuite la base de Charron près de La Rochelle.
Sa conduite lui vaut une citation à l’ordre du régiment et la croix de guerre avec étoile de bronze.
Après avoir passé l’hiver 1944 près d’Épernay, il retourne en Angleterre dans l’attente d’une nouvelle mission.
OPÉRATİON AMHERST
Dans la nuit du 7 au 8 avril 1945, deux régiments SAS français sont parachutés en Hollande.
Le 3e SAS du colonel Jacques Pâris de Bollardière et le 4e SAS du commandant Pierre PUECH-SAMSON ont pour mission de semer la confusion sur les arrières ennemis en les désorganisant et en y créant un maximum d’insécurité.
Le Stick BONGEOT est parachuté à l’ouest de l’axe Groningen-Assen-Hoojeveen.
Au cours d’une mission de reconnaissance près de Colsterlag dans la région de Balkbrug, Yves Loichot est prévenu par Kees de Roos un résistant hollandais, qu’un ou plusieurs miliciens se dissimulent dans une maison à peu de distance du lieu où il stationne.
Ces miliciens sont des membres actifs du NSB (Nationaal Socialistische Beweging) qui dès 1941, est le seul parti autorisé durant l’occupation des Pays-Bas par les allemands. Il s’agit de la branche néerlandaise du parti nazi qui est très impliquée dans la collaboration avec l’occupant allemand.
Yves Loichot et Kees de Roos partent en reconnaissance à moto. Arrivés sur les lieux, ils tombent dans une embuscade et sont tués devant la maison suspectée d’abriter les miliciens.
C’est Lénie, une jeune fille qui habite la maison voisine qui court alerter les résistants hollandais et les parachutistes français.
Faisant partie du même stick, c’est Raoul LOICHOT le frère d’Yves qui se rend sur les lieux avec Jacques NOEL et quelques résistants hollandais.
Les corps sans vie gisent devant la maison mais celle-ci est vide.
Dans la grange voisine, ils entendent du bruit au fenil et somment ceux qui s’y dissimulent de sortir. Sans réponse, ils vident leurs chargeurs à travers le plancher. La fusillade terminée, ils trouvent des corps sans vie, porteurs d’uniformes allemands ainsi que des armes.
Yves Loichot est mort au champ d’honneur le 8 avril 1945, à l’âge de 19 ans.
Il est enterré provisoirement sur place avec le concours des résistants hollandais, puis reçoit des obsèques publiques au cimetière de Kapelle. Lors de cette cérémonie, il est décoré à titre posthume de la croix de guerre hollandaise. Ses camarades SAS, les résistants hollandais avec leur chef Jos Bonvanie ainsi que la population lui rendent les derniers hommages.