LA GRANDIERE Roger, René, Marie de

alias Dalmas Roger

Roger de la Grandière naît le 14 octobre 1916 à Grez-Neuville, Maine-et-Loire.
Il est le premier jumeau, du vicomte Jacques Félix Marie de la Grandière, commandant au 277e Régiment d’Infanterie, et de la vicomtesse Alberte Caroline Stéphanie de Dalmas, sans profession, domiciliés au château de la Grandière. Il appartient à une fratrie de sept enfants.

Un difficile ralliement

Guéri d’une tuberculose contractée à 18 ans, Roger de la Grandière part pour Tahiti où il est mobilisé en septembre 1939. De retour en France, après avoir été affecté au 402e Régiment d’Artillerie, il suit les cours d’EOR (élèves-officiers de réserve). Démobilisé en juillet 1940, il cherche le moyen de gagner l’Angleterre pour poursuivre le combat. En janvier 1941 il fait partie d’un petit groupe, avec son ami Michel de Camaret, qui veut rallier l’Afrique du nord depuis Marseille, puis la Grande-Bretagne. Arrivé à Oran en février 1944, le groupe est arrêté par les autorités de Vichy et placé en résidence surveillée avec d’autres camarades. Après une évasion qui les conduit au Maroc, le groupe est de nouveau interpellé, incarcéré, condamné à un an de prison, et transféré en septembre 1941 à la prison d’Alger, puis placé en résidence surveillée à Bou Arfa au Sahara. Lors des interrogatoires, Roger de la Grandière, violemment battu, a la jambe cassée et la mâchoire fracturée.

L’Angleterre

En mai 1942, il réussit à s’évader avec des camarades, ils vont rejoindre le Maroc puis Gibraltar, et enfin Londres.
Roger s’engage dans Les Forces françaises libres (FFL) en août 1942.
D’abord affecté à l’État-major particulier du général de Gaulle, il est promu en septembre 1942 au grade de sous-lieutenant, et est chargé sous le pseudo de Roger Dalmas (nom de jeune fille de sa mère) d’une mission de contre-espionnage par le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA).
En janvier 1943, il est affecté aux Forces aériennes françaises libres, et est breveté à Ringway le 15 mars 1943 avec les meilleures notes de sa promotion.
Devenu instructeur des parachutistes français à Ringway, il détient le record français de 50 sauts, puis est affecté au 4e SAS placé sous les ordres du commandant Pierre Bourgoin.

Opération Dingson

Parachuté avec son stick et quatre jeeps le 17 juin 1944 sur la base « Dingson » à Saint-Marcel, il participe à la défense du camp de Saint-Marcel attaqué en force par la Wehrmacht le 18 juin 1944. Après avoir livré combat durant toute la journée en infligeant de lourdes pertes aux troupes allemandes, parachutistes SAS et FFI se dispersent dans toute la région. Après cette dispersion, la Feldgendarmerie et la Wehrmacht appuyées par de nombreux détachements de soldats russes, géorgiens et ukrainiens, les agents de l’Abwehr (service de renseignements de la Wehrmacht) et du SD (Service de sécurité de la SS), ainsi que les agents français de la FAT 354 (Front Aufklärung Truppe) et les miliciens bretons du Bezen Perrot, se lancent dans une traque implacable des parachutistes SAS, des FFI-FTPF, de leurs dépôts d’armes, et de tous ceux qui les hébergent et les ravitaillent. Rafles, arrestations, tortures, et exécutions sans jugement de SAS et de résistants, incendies de fermes, pillages et massacres de civils se multiplient dans tout le département du Morbihan.

Le 20 juin 1944, un groupe de parachutistes SAS aux ordres du sous-lieutenant Roger de la Grandière, qui se replie en direction de Pontivy (Morbihan), fait une halte dans la ferme de la famille Mounier au village de Boccabois en Guégon (Morbihan). À court d’essence, contraints d’abandonner leurs jeeps, trempés, affamés, ils demandent à se restaurer et à prendre un peu de repos dans le grenier à foin. Un cultivateur de Boccabois, Constant Le Guennec, part chercher du ravitaillement au bourg et téléphoner à un médecin de Josselin pour lui demander de venir soigner le sous-lieutenant Michel de Camaret, blessé. Les Allemands cantonnés à Josselin, renseignés sur la présence de parachutistes à Boccabois, prennent la direction du village où l’alerte est donnée. Les SAS, qui sont une douzaine, quittent précipitamment la ferme en laissant sur place des sacs et des vêtements, rapidement découverts par les Allemands qui entreprennent d’encercler les SAS. Roger de la Grandière ordonne à six parachutistes de se replier en emmenant Michel de Camaret, tandis qu’il décide de faire face avec les autres SAS. Blessé à la poitrine, il leur demande de se replier eux aussi. Le sergent Jean Plouchard refuse de l’abandonner et tient la position avec son fusil-mitrailleur jusqu’à épuisement de ses munitions, avant de succomber à son tour. Joseph Mounier découvre les deux corps le lendemain, criblés de balles.

Roger de la Grandière a obtenu la mention « Mort pour la France ». Compagnon de la Libération par décret du 20 novembre 1944, il est promu à titre posthume lieutenant

La promotion 902 (9e et 10e compagnies, décembre 1978 - mars 1979) des élèves officiers de réserve du 4e Bataillon de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr a choisi le lieutenant Roger de la Grandière comme parrain.

Lieux de mémoire

Publiée le , par Vigie, mise à jour

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Sources - Liens

Service historique de la Défense, GR 28 P11 28348
DE 2016 ZL 120 234
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