ITURRIA Victor

Victor Iturria naît à Bassussary, Base-Pyrénées et plus particulièrement pour Victor Pays-Basque.

Sa jeunesse

À ses deux ans, sa famille rejoint le village transfrontalier de Sare. Cette position géographique sur la montagne basque, révèlera ses qualités de contrebandier, insaisissable, rusé et astucieux afin d’éviter les gendarmes et douaniers de jour comme de nuit. Ses aptitudes de fin stratège forgent son caractère indépendant, courageux et téméraire, une prédisposition à l’action.
Impétueux, rien ne pouvait retenir Victor Iturria « Il décidait de faire, et il faisait. Il n’avait pas peur. C’était un travailleur, l’esprit de famille le caractérisait, il était toujours prêt ». Tailleur de pierre, la pelote à main nue démontre sa force et sa précision, qui en feront un redoutable tireur, lanceur de grenades, faisant mouche à chaque tir.
À cette époque, les enfants partent en ville, la ferme ne pouvait subvenir aux besoins de tous.
À Paris, Victor Iturria retrouve ses frères et sœur ainés, avant d’être appelé pour effectuer son service militaire en 1934 auprès du 20e régiment de dragons. Mobilisé le 1er octobre1939, il est nommé Caporal et affecté au 4ème Dragons portés. Victor Iturria est au combat, ses frères sont prisonniers des allemands.

Bataille de Dunkerque

Sur un canon anti-char 25 mm, le Caporal Victor Iturria signe son premier exploit, à Souchez le 23 mai 1940, en détruisant 7 chars allemands dans la journée. Cet exploit se répand comme une trainée de poudre dans les rangs des engagés. Blessé, Victor Iturria est évacué à Londres le 31 mai 1940. Le 10 juillet 1940, il sort de l’hôpital d’Edgarware, à peine rétablit. Sollicité par le commandant Etchegoyen, il rejoint le Capitaine Georges Bergé en charge de la création de l’unité « 1ère Cie de l’Infanterie de l’Air », décidée par le Général Charles De Gaulle.
Après des entrainements intensifs des prémices du parachutisme militaire français, Victor Iturria obtient son brevet de parachutiste le 2 mars 1941 sous le numéro 407.

Moyen Orient

En juillet 1941, sous le commandement du Capitaine Bergé, Victor Iturria rejoint le Moyen Orient. L’unité stationne à Beyrouth puis Damas avant de partir pour Kabret, au bord du canal de Suez, en janvier 1942.
Voulue par le Lieutenant Stirling, afin de composer de petites unités « Sticks », l’unité du Commandant Bergé est intégrée au Special Air Service et devient le French Squadron.
Le 1er mai 1942, Victor Iturria est promu Caporal-Chef.
Sous le commandement de Sterling, il participe à leur première opération en juin 1942 : attaques des aérodromes de la côte en Cyrénaïque. Chaque Unité est affectée à une position, celle de Victor Iturria, « Berka 3 » : aérodrome de Benghasi.
Le 12 juin 1942, le plan de Zirnheld est mis à exécution, chacun ayant un rôle bien précis, celui d’Iturria étant sa précision dans le lancer de grenades. Tout au long de l’été 1942, il prend part à de nombreuses actions en Libye et en Tunisie, participant à la destruction de plus de 400 avions allemands et italiens. Victor Iturria est aux côtés de Zirnheld lors du raid sur l’aéroport de Sidi-Haneich et est témoin de la mort de ce-dernier le 27 juillet 1942.
Le 1er septembre 1942, il est promu au grade de Sergent.
En janvier 1943, au départ du Caire, avec ses camarades, il part pour un raid de plus de 3 000 kilomètres vers la Tunisie. Sous les ordres du sous-lieutenant Legrand, il participe à la destruction des voies de communication en arrière de la ligne Mareth.

Retour en Angleterre

Sergent-chef le 16 juin 1943, reconnu par ses chefs, Victor Iturria est Porte-Fanion lors du défilé du 14 juillet 1943 à Londres, devant de Gaulle et Churchill. Il devient instructeur auprès des jeunes volontaires arrivant dans les différents camps d’entrainement : Camberley près de Londres, Cupar-Comrie training en Ecosse, Auchinleck expert en sabotage, Fairford derniers préparatifs.

En Bretagne

Dans la nuit du 3 au 4 août 1944, quatre jeeps sont parachutées avec leurs équipages. Ce détachement précurseur comprend une quinzaine d’hommes dont le sous-lieutenant Paoli, l’adjudant-chef Louis Bourrel, le sergent-chef Victor Iturria et le sergent-chef René Martin. Leur mission est de préparer et protéger la Landing zone de Coët-Quintin près de Locoal-Mendon qui recevra le lendemain le gros du Squadron du lieutenant Bodolec, par planneurs waco. Avec sa section, le 6 août 1944, Victor Iturria a ainsi assuré la protection d’atterrissage des planeurs, effectué de jour à 200 m des lignes allemandes.

Durant les jours qui suivent, Victor participe à de nombreuses actions victorieuses, dont l’attaque du poste de DCA de Saint-Symphorien en Nostang, puis de Erdeven où avec sa célèbre dextérité au lancé de grenade il sème la terreur. Descendant ensuite vers Nantes avec le 2e RCP, il effectue des patrouilles le long de la Loire.

Fin de course effrénée

Le 25 août 1944, le sergent-chef Iturria, Maigret, Golder et le Goff, décident de rallier Redon afin de rendre visite à leur camarade André Garridou soigné à l’hôpital. Voyageant dans une zone censée être devenue calme, en lisière de la forêt de Gâvre, ils tombent dans une embuscade à proximité de la maison forestière de Cahreil. Victor Iturria et Maigret sont tués sur le coup. Le Goff et Golder s’échappent à travers bois. Les deux blessés sont les témoins de la fin tragique de Victor Iturria.

À Blain, une stèle honore sa mémoire.
En 1947, son corps est rapatrié à Sare pour être rendu à sa famille.

Victor Iturria est fait Compagnon de la Libération à titre posthume.
La légion d’Honneur est remise lors de la cérémonie d’inauguration de la Stèle au fronton de Sare le 16 mai 1947.

Lieux de mémoire

Publiée le , par Vigie, mise à jour

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Sources - Liens

Services historique de la Défense, Caen, AC 21P 55810