Gérard Gaultier de Carville naît le 15 janvier 1923 à Saint Amand-de-Vendôme, Loir-et-Cher.
À peine âgé de 16 ans, il est à Vannes le 16 juin 1940 quand il prend la mesure de la débâcle qui vient de s’abattre sur la France. Dès le 18 juin 1940, avec un groupe d’amis, il embarque sur le Meknès depuis Brest en feu.
Il débarque à Southampton le 21 juin et dès le 1er juillet, il signe un premier engagement au sein des Forces françaises libres naissantes.
Après trois mois d’instruction militaire élémentaire, il prend la direction du camp des jeunes de Rake Manor. En février 1941, nouveau changement d’affectation et arrivée à Malvern où éclôt l’École des Cadets de la France Libre, en octobre 1941. Admis en première année de la première promotion de l’École, il en sort à la quatrième place en mai 1942. Cette promotion porte un nom qui sonne les retrouvailles avec la terre de France, « Libération ».
Sa première affectation s’inscrit dans la perspective d’un affrontement avec l’empire japonais et il embarque à destination de la Nouvelle Calédonie au sein de l’Infanterie coloniale.
En février 1943, une proposition du quartier général des FFL, dans le but de renforcer les effectifs de l’infanterie de l’air, lui offre l’opportunité de rejoindre le 4th SAS, intégré au sein de la SAS Brigade britannique. Il y retrouve des camarades de l’École des Cadets, dont Georges Taylor et Henri Corta de la promotion « Bir Hakeim ».
En mai 1943, le stage chez les parachutistes polonais à Largo en Écosse lui ouvre les portes du brevet parachutiste, sésame requis pour partir un jour en opération SAS . Il obtient son brevet le 16 juin 1943 , trois ans après sa décision de continuer la lutte pour parvenir à la libération du sol de France.
Les entraînements spécifiques vont s’enchainer à un rythme soutenu avec la rigueur britannique singulière, pour préparer ces hommes à pratiquer la guérilla et le sabotage, le plus souvent isolé derrière les lignes ennemies, sur le mode « Hit and run » à l’instar de leurs anciens en Libye et en Crète.
Et le grand jour tant attendu finit par arriver en juin 1944, plus précisément dans la nuit du 9 au 10, aux abords de la voie ferrée Guigamp-Carhaix, le stick du sous-lieutenant de Carville comprenant notamment le caporal Maurice Miodon vient renforcer les premiers éléments parachutés dans la nuit du 5 au 6, sur la zone dénommée Samwest dans la forêt de Duault au sud de Trégastel (Côtes-du-Nord).
Deux mois d’embuscades, de courses-poursuites et de cache-cache avec des forces d’occupation soutenues par des collaborateurs déchaînés donnent l’occasion au sous-lieutenant de Carville de faire la preuve de son audace et de son engagement au service de son pays. Ses qualités de chef lui permettent de mener avec succès de nombreux coups de mains avec le concours des maquisards dont il assure l’instruction et l’encadrement, et d’organiser la réception des parachutages d’armes destinées à la résistance bretonne.
Avec ses camarades SAS, il partage le quotidien des membres du maquis de Guiscriff, situé entre Rosporden et Le Faouet, aux confins du Finistère Sud et du Morbihan.
À la mi-juillet, un groupe Jedburg composé du capitaine Guy Le Borgne du Major Ogden-Smith et du Sergent Dallow rejoignent le sous-lieutenant de Carville. Les trois groupes coordonnent leurs prochaines actions dans ce secteur où les forces d’occupation mènent une traque incessante à l’encontre des parachutistes et des maquisards. A plusieurs reprises, ils échappent de justesse à l’encerclement et parviennent à s’exfiltrer parfois au prix de pertes, comme celles du Major Ogden-Smith et du caporal Miodon, le 29 juillet lors du parachutage d’un ravitaillement.
La disparition de Maurice Miodon est une perte brutale pour son chef avec lequel un lien d’amitié s’est tissé.
Le 6 août 1944, en début de matinée, aux portes de la ville de Rosporden, à la tête d’un détachement de quatre-vingts maquisards, le sous-lieutenant de Carville décide d’arrêter les forces allemandes sur le départ compte tenu de la percée américaine depuis le début août. Ils vont y affronter une colonne d’une cinquantaine de véhicules.
Après une action spectaculaire menée avec un motocycliste pour aller soutenir ses hommes, de Carville est atteint d’une balle explosive qui occasionne une grave hémorragie à l’abdomen.
Évacué dans une clinique de Quimper, il succombe à ses blessures après avoir fait preuve d’un grand calme, comme l’ont rapporté les religieuses l’ayant entouré. Il s’éteint dans l’après-midi du 6 août 1944 à l’âge de vingt ans.
Il repose avec ses camarades Miodon et Ogden-Smith au cimetière de Guiscriff.
Une promotion EOR de Saint Cyr a été baptisée au nom de "Gérard Gaultier de Carville" en 1990.