Nous connaissons peu de choses du parcours de Maurice Nguyen Van Taï. D’origine indochinoise, celui-ci travaille sur le port de Brest lorsque les Allemands occupent la France. Lors de la constitution du 3e Bataillon d’Infanterie de l’Air en 1943 en Afrique du Nord, Maurice se porte volontaire pour les paras. Il s’entraîne donc avec son bataillon en Ecosse et en Angleterre, obtenant son brevet parachutiste (n° 3241) le 2 février 1944.
Dans la nuit du 4 au 5 août 1944, Maurice Nguyen Van Taï est parachuté au-dessus du Finistère en même temps que toute la compagnie Sicaud, dans le cadre de la mission DERRY. Son stick est composé du lieutenant Pierre Sicaud (commandant la 2e compagnie), de Charles Baudry, Pierre Beylier, Victor Boyer, Roger Dielenseger, Julien Girois, Albert Nebbot, Albert Noto, Jacques Ourinowski, Paul Pesqué et Fernand Soucaze. Leur objectif, avec les autres sticks de Derry 1, est de harceler les Allemands se repliant vers Brest, sur les axes reliant Brest à Landerneau, Plabennec, Ploudalmézeau et Saint-Renan.
Le stick du capitaine Sicaud touche le sol près de Ploudaniel, puis effectue des reconnaissances et des embuscades dans le secteur de Lesneven et Le Folgoët avec le stick de l’aspirant Maurice Duno. Les SAS mettent hors d’usage des véhicules et des blindés allemands, et l’équipe radio du capitaine Sicaud permet la destruction d’un convoi ennemi par les chasseurs-bombardiers de la RAF. Quelques jours plus tard, les parachutistes sont rejoints par les colonnes américaines, ce qui donne lieu à une anecdote impliquant Maurice Nguyen van Taï qui fut jugée suffisamment remarquable pour être consignée dans le journal de marche du 128e Bataillon du Matériel de l’US Army (source et traduction : R. FLAMAND, Qui Ose Gagne) :
« "Sneezy" Kobezak, Lafferty et Luber nous quittent pour chercher des cartes postales et arrivent dans un café hors de l’axe de progression de la division (ancien café Le Got). Tandis que, dans la pénombre du bar, ils commandent à boire pour trois, une voix s’exclame dans l’ombre : "Mettez-en pour quatre". Ils se retournent et devinent un petit personnage sortant de l’argent de sa poche. Ils sont face à l’un de ces audacieux parachutistes qui ont sauté le 4 août afin de détruire des points sensibles ennemis et faciliter l’avance alliée vers Brest. La surprise est doublée du fait qu’ils découvrent que leur interlocuteur est asiatique. […] A la ceinture, il porte un chapelet de grenades et son pistolet. De sa veste émerge un genre de bombe incendiaire. Nous ne pourrons jamais oublier cet homme. »
Fin août, la compagnie rejoint l’Angleterre via Vannes, Rennes, Saint-Lô et Avranches. Quelques jours plus tard, elle est à nouveau parachutée, cette fois dans le Doubs. Maurice, toujours avec le stick Sicaud, est largué dans la nuit du 27 au 28 août. Dès le 29, les SAS prennent part aux côtés des FFI à l’attaque de Pont-de-Roide. Ils mènent ensuite des reconnaissances et des embuscades, et combattent à Clerval où ils sont confrontés à des blindés allemands.
Le 3e SAS au complet est ensuite mis au repos dans la région d’Épernay en Champagne.