BOHEC Jeanne

alias Râteau - Micheline

Originaire de Plestin-Les-Grèves dans les Côtes du Nord (22), Jeanne Bohec naît le 16 Février 1919.

En mars 1940, elle est embauchée comme aide-chimiste à la poudrerie de Brest.
Le 18 juin 1940, alors que les troupes allemandes arrivent à Brest, Jeanne Bohec prend la décision de partir. Après avoir sollicité plusieurs équipages elle prend le large à bord de l’Abeille 4, un remorqueur qui s’apprête à partir pour l’Angleterre. Après avoir franchi le cap des interrogatoires par les Anglais pour vérifier qu’elle n’est pas une espionne, elle est placée comme dame de compagnie dans une famille anglaise le reste de l’année 1940.

Ayant appris la formation du corps des Volontaires françaises* des Forces françaises libres, elle s’y engage en janvier 1941.
*Le 7 novembre 1940, fût fondée à Londres, la première unité́ militaire française féminine appelée « Corps auxiliaire féminin ». Le Général De Gaulle, désireux d’unir toutes personnes souhaitant partager son combat mais également lassé de voir certaines françaises s’engager dans les rangs des ATS (Auxiliary Territorial Service) de Churchill, autorise la création d’une unité́ féminine militaire. Renommé, en 1941, « Corps des Volontaires Françaises ». L’objectif de ce corps de volontaires est principalement de remplacer les hommes dans leurs tâches administratives militaires afin de pouvoir déployer ces derniers sur le terrain. A cette période la femme (française) combattante n’existe pas encore.

Jeanne travaille d’abord comme secrétaire puis comme chimiste dans un laboratoire de recherches sur la fabrication d’explosifs à partir de produits pouvant être achetés dans des drogueries ou des pharmacies en France occupée.
Grâce à l’appui d’Henri Frenay en visite au laboratoire où elle travaille, elle entre au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), où elle suit la formation d’instructeur sabotage (nom de code « râteau »).
Jeanne Bohec souhaite combattre en France, et obtient difficilement d’y être parachutée — elle est l’une des cinq femmes françaises parachutées en France. Dans la nuit du 29 février 1944, Jeanne Bohec (alias « Rateau », « Micheline ») embarque à bord d’un Halifax et saute sur le terrain clandestin « Ouragan », dans la région d’Alençon. Elle y est réceptionnée par le chef du Bureau des opérations aériennes de la région ouest.

De retour en Bretagne en mars 1944, elle sillonne la campagne pour instruire des groupes de résistants dans des fermes isolées. Surnommée la plastiqueuse à bicyclette elle participe aux sabotages visant à entraver les communications allemandes, dans le cadre du « plan Vert », pour ralentir l’envoi des troupes vers le front de Normandie.
En parallèle des formations qu’elle anime, elle participe activement à des opérations de sabotage comme le 7 mai 1944 lorsqu’elle fait sauter un rail de 11 mètres à proximité de la gare du Roc Saint-André dans le Morbihan.

Après l’arrivée des SAS en Bretagne dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, il n’est plus question de s’occuper du sabotage, Jeanne rejoint l’équipe BOA de "Trouvère" (Edouard Paysant, responsable du BOA pour le Bloc Bretagne) et aide aux missions de codages et décodages pour organiser la réception de parachutages d’armes destinées aux unités FFI rassemblées dans le camp de Saint-Marcel. Ayant été formée au maniement des armes, elle demande à prendre part aux combats du maquis de Saint-Marcel, ce qui lui sera refusé. A la fin de la guerre, après l’arrivée de nouveaux volontaires hommes dans la Résistance, elle est victime de misogynie et on ne lui confie plus de mission importante.

Démobilisée le 31 août 1945, Jeanne Bohec a enseigné les mathématiques pendant de nombreuses années. Elle a été maire-adjoint du XVIIIe arrondissement, à Paris.
Elle est décédée le 11 janvier 2010, Officier de la Légion d’Honneur et Commandeur de l’Ordre du Mérite.