Raoul Loichot naît le 23 août 1922 à Philippeville en Algérie.
Le 5 juin 1941, il n’a que 18 ans et pour échapper aux Chantiers de la jeunesse du régime de Vichy, il s’engage dans l’armée.
Incorporé à Blida dans l’aviation, il fait ses classes à Relizane et à Mostaganem, des villes du département français d’Oran.
En 1942, il est affecté à la coopérative militaire de Blida au 65e Régiment d’Artillerie.
Souhaitant rallier les troupes de la France libre, il rejoint la Libye.
RALLIEMENT À LA FRANCE LIBRE ET ENGAGEMENT
En juin 1943, à Tripoli, il rallie la France Libre et est affecté au 3e Bataillon d’Infanterie de l’Air, le 3e BIA. Il arrive en Egypte et jusqu’en septembre 1943, il s’entraîne à Mena Camp.
Le 25 octobre, après une traversée du canal de Suez, il part pour Alger. Son régiment est affecté au camp de Rouïba où l’on fête la libération de la Corse.
Son petit frère Yves LOICHOT a réussi lui aussi à rejoindre l’Algérie alors qu’il n’a pas encore seize ans. À Rouïba, les deux frères se retrouvent et s’embarquent ensemble pour l’Angleterre. Partis le 17 octobre 1943 et après huit jours de traversée sur le Samaria, ils arrivent à Liverpool par un froid glacial et dans le brouillard. Ils ne sont vêtus que de short et de simples tricots. Le contraste entre l’Afrique du Nord et leur nouvelle terre d’accueil est saisissant.
En novembre 1943, le 3e BIA est dirigé par le commandant Château-Jobert.
Raoul Loichot est affecté à la 3e compagnie.
Il suit alors l’entraînement intensif des parachutistes SAS et est breveté à Ringway le 20 janvier 1944. Il a suivi également un stage de spécialisation SAS à Cupar, en Ecosse. Les exercices s’y font à balles réelles et on utilise également des grenades offensives. À l’occasion d’un entraînement, il sera blessé par quatorze éclats de grenade.
Raoul Loichot témoigne :
"Le 8e stick a ainsi parcouru 10 Km en 52 minutes, 42 Km en 6 heures et demie et 450 Km en 8 jours. Nous sommes entraînés au tir toutes armes, à la conduite de tous les véhicules à deux et quatre roues, à la descente en canoë.
En juin 1944, nous sommes prêts. Nous sommes mis au secret jusqu’au 26 juillet."
OPÉRATION DICKENS
L’opération Dickens débute dans la nuit du 14 au 15 juillet 1944.
Le capitaine Fournier dirige une équipe de soixante-dix hommes du 3e SAS sous le commandement de Pierre Château-Jobert.
Divisés en petits groupes (sticks), les parachutistes doivent agir sur les régions Poitou-Charente-Vendée ainsi que sur les départements de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire. Leur mission principale est la destruction des voies ferroviaires et routières. Ils mènent également des opérations de harcèlement contre les allemands et participent à l’armement des maquis locaux grâce aux parachutages d’armes.
"Le 3e SAS allait établir une modeste coupure du dispositif allemand entre l’Atlantique et la Suisse. La première compagnie larguée fut la 3e compagnie du 3e SAS du capitaine FOURNIER dans les nuits du 17 au 26 juillet 1944 dans le secteur du Bois d’Anjou.
Notre stick, le 8e, qui comprend trois groupes, est parachuté de nuit le 26 juillet.
Le premier groupe se compose de René PLATEEL, André LABORDE,
Maurice GELOT et Bénites GARCIA.
Le deuxième groupe se compose de Jacques Noël, Gérard BLANDINEAU et Michel PETIT.
Raoul LOICHOT, Yves LOICHOT et Marcel SIMONET composent le troisième groupe."
Le Stick ROUX sabote les voies de communication en direction de Thouars et Saumur ainsi que la voie ferrée entre Tours et les Sables d’Olonne.
Le 1er septembre, la ville de Montreuil-Bellay est libérée par les parachutistes du Stick ROUX et par les patriotes locaux.
Les parachutistes participent ensuite à la libération de Thouars le 2 septembre 1944 et partent assurer la libération de la Vendée avant de prendre position à Charron devant La Rochelle.
Blessé lors d’un engagement contre les allemands le 5 octobre, Raoul Loichot passe quelques jours de convalescence dans une famille de Luçon puis rejoint la base d’Epernay où sont regroupés les SAS.
OPÉRATION AMHERST
Après un hiver près de Reims, le 3e SAS rejoint l’Angleterre.
Une opération est décidée en Hollande, son nom : "Opération Amherst".
Raoul Loichot est parachuté au sud de la voie ferrée Meppel-Hougoveen, dans la province de Drenthe.
Au cours d’une mission de reconnaissance près de Colsterlag, dans la région de Balkbrug, les parachutistes sont informés par un résistant hollandais, Kees de Roos, que des miliciens se cachent dans une maison toute proche de leur camp.
C’est le frère de Raoul qui part en reconnaissance avec son indicateur. Arrivés devant la maison, Yves LOICHOT et Kees de Roos tombent sous les balles. Ils sont touchés mortellement.
Informé, Raoul Loichot se rend sur les lieux avec Jacques NOEL et quelques résistants hollandais. Il trouve le corps de son frère devant la maison où a eu lieu l’embuscade. Il entend du bruit dans la grange voisine et après plusieurs somations restées sans réponse, Raoul Loichot et ses camarades, vident leurs chargeurs à travers le plancher. La fusillade terminée, ils trouvent des corps sans vie, des uniformes allemands, des armes ainsi que des documents porteurs du sigle de la croix gammée.
Avec le concours des résistants hollandais, Raoul Loichot enterre son frère sur place. Le corps de Yves LOICHOT sera rapatrié plus tard et recevra des obsèques publiques.
Le 20 avril 1945, le 3e SAS est rapatrié en Angleterre.
FIN DE LA GUERRE
Raoul Loichot est démobilisé et retourne à la vie civile.
Il épouse la fille de la famille de Luçon qui l’avait accueilli lors de sa convalescence.