DINGSON 3

Opération DINGSON 35 A :

l’arrivée en Bretagne du Squadron de jeeps SAS, les Cavaliers du ciel !

Dans le cadre de l’ordre d’opération n°9 du Brigadier SAS Mac LEOD, la dernière phase prévoyait un renfort des troupes déjà déposées en Bretagne par l’arrivée du Squadron de Jeeps SAS du Lieutenant BODELEC du 4th SAS / 2e RCP.

Ce renfort devait intervenir en avance de la percée américaine en provenance de Normandie. Dans le plan initial, les américains devaient percer vers la Bretagne à compter de J + 25, ce qui correspondait à début juillet 1944
Les évènements en ont décidé autrement, et ce n’est que fin juillet que les américains s’extirpent enfin de la Normandie avec la percée d’Avranches des blindés de PATTON, qui va faire de la libération de la Bretagne sa première priorité !

Ce mois de retard aura des conséquences terribles sur les pertes causées aux parachutistes français du 4th SAS / 2e RCP infiltrés en Bretagne depuis le 5 juin : beaucoup d’arrestations, de tortures et pour finir d’exécutions de SAS français, suite au temps laissé aux allemands pour traquer efficacement les sticks de parachutistes, isolés depuis bien trop longtemps…

En amont de ce renfort du Squadron du Lieutenant BODELEC, deux missions vont être parachutés en vue de préparer cette opération hyper complexe, car l’état-major britannique SAS a décidé depuis quelques jours d’utiliser des planeurs WACO pour poser d’un seul coup une dizaine de jeeps SAS en un seul endroit : une première (et une dernière !!) dans toutes les opérations de la BrigadeSAS !

Ainsi, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, c’est l’opération DINGSON 32 A qui ouvre le bal : le Capitaine LEBLOND revient enfin (il avait été parachuté sur SAMWEST début juin) après avoir été rappelé en Angleterre pour écrire un rapport sur les opérations du 4th SAS en Bretagne. Il est parachuté avec quelques camarades dans la nuit du 2 août au 3 août au moulin de Kergroix, sur la commune de Landevant. Sa mission est de rejoindre le Commandant BOURGOIN pour déterminer la zone d’atterrissage idéale des planeurs, attendue avec impatience par l’état-major britannique SAS depuis quelques jours.
Rapidement, l’endroit est trouvé, et il est décidé de parachuter un détachement de jeeps, (comme cela a déjà été réalisé avec succès à Saint Marcel dans la nuit du 17 au 18 juin) pour disposer d’une force de frappe suffisante, en vue de sécuriser efficacement la future zone d’atterrissage.

Ce sera le but de l’opération DINGSON 34 J, programmée une première fois dans la nuit du 3 au 4 août, et qui se déroulera finalement dans la nuit du 4 au 5 août. Sous les ordres des Lieutenants SADORGE et PAOLI, ce sont 4 jeeps qui seront parachutés en même temps que leurs équipages et leurs containers. Au total, ce sont 13 SAS répartis sur les 4 jeeps, dont l’Adjudant-chef BOURREL et les sergent-chefs ITTURIA et MARTIN

La drop zone (DZ) se situe à proximité du carrefour de Malachappe, à l’ouest de Pluvigner. Tout se déroule parfaitement, et à peine reconditionnés, une partie du détachement se dirige vers une batterie anti aérienne allemande de la forteresse de Lorient qui menace l’arrivée des planeurs le soir même. L’attaque est rondement menée et permet de sécuriser la zone.

La journée du samedi 5 août sera consacrée à la préparation de la landing zone (LZ) dévolue aux planeurs, située à Coët Quintin à l’ouest de Ploemel. Ainsi, tous les pieux de Rommel qui infestent le long champ de 600 mètres seront enlevés par les SAS du détachement SADORGE, aidés par les résistants du coin, et ce au nez et à la barbe des troupes allemandes qui sillonnent en tous sens la région, essentiellement occupées par la retraite vers la future poche de Lorient. L’ambiance est tout de même surréaliste…

L’arrivée des Planeurs :

A 20h00 ce samedi 5 août 1944, tout est prêt pour les accueillir. Le comité de réception a balisé la LZ et est à l’écoute radio, prêt à guider les avions tracteurs à l’approche de la zone. Ceux-ci, au nombre de 10, sont des HALIFAX britanniques des Escadrilles spécialisés 644 et 298. Ils tractent chacun un planeur de type WACO, pilotés par deux pilotes du Glider pilot regiment, et transportant une jeep SAS avec son équipage de 3 parachutistes.
Particularité, un des planeurs emporte 3 pilotes, et 4 SAS : en effet, le Lieutenant BETBEZE a réussi à s’échapper de l’hôpital militaire afin de participer à la dernière mission du 4th SAS en Bretagne !! (ce dernier sort d’une blessure sérieuse au dos…)
Ainsi, ce sont 21 pilotes et 31 SAS qui s’apprêtent à atterrir en planeurs en pleine Bretagne encore occupée, au nez et à la barbes des troupes allemandes, et ce à proximité immédiate de la Festung Lorient (nom donné par les allemands à la forteresse qui entoure et protège la base de sous-marins de la KRIEGSMARINE de Lorient) !

Les 10 avions effectuent leur vol escorté par la chasse britannique dans des conditions de vol idéales. Aucun incident à signaler. Le vol à basse altitude va permettre aux SAS de profiter de la vue et des hourras venant du sol !
Un étang situé à 5 km au nord de la LZ servira de dernier repère aux pilotes. Tout semble réuni pour que le poser des planeurs se déroule au mieux…

Malheureusement, la journée du 5 août a été mouvementée pour les allemands dans cette zone, et par représailles, ont mis le feu à des paillées à la ferme de Kermainguy. Ces feux vont tromper une partie des pilotes, qui, arrivés à proximité de l’objectif vers 22h00 ce 5 août, n’ont que quelques secondes pour observer, trouver la LZ et larguer au bon moment leur câble tracteur…

C’est pour cela que 5 planeurs sur les 10 vont atterrir sur une LZ improvisée, au sud de la ferme de Kermainguy, sur un terrain bien trop petit et surtout infesté de pommiers... !

Au bilan, et c’est un miracle, seul un planeur percutera violemment un de ces arbres, faisant au bilan 4 blessés graves : les deux pilotes (les Sergent ROSSDALE et MARTIN) et les SAS HORY et Le BAS, qui seront finalement amenés et soignés à l’hôpital d’Auray dès le 7 août.
Pour les 5 autres planeurs, tout se déroule parfaitement sur la LZ prévue de Coët Quintin.

Après plus d’une heure à rassembler les 9 jeeps des 2 LZ grâce au détachement PAOLI, toutes les jeeps SAS de l’escadron BODELEC se rendent dans la RIA d’Etel, afin d’aller prendre leurs ordres au repaire du Commandant BOURGOIN.
Le Lieutenant BODELEC va se voir confier des missions de harcèlement des détachements allemands, ainsi que des missions de reconnaissance en avance des troupes américaines.

Bilan des opérations :

L’escadron motorisé sur jeeps SAS, héritier des jeeps SAS de Libye du célèbre Major « fantôme » David STIRLING, permettra au 4th SAS / 2e RCP de mener les dernières opérations de libération du sud de la Bretagne, en faisant de multiples prisonniers autour de la poche de Lorient en formation. Il défilera à la tête des troupes françaises (SAS et FFI réunis) lors du défilé motorisé, entrant en vainqueur le 8 août 1944 dans Vannes libéré des allemands.
Dans la jeeps SAS de tête, le Commandant BOURGOIN, le célèbre manchot, conduit par le caporal Achille MULLER, pilote de la jeep « La Vengeuse ».