Jacques MOUHOT naît le 19 octobre 1911 à Cherbourg. Il est fils d’un officier de carrière.
Après avoir effectué son service militaire en 1931, Jacques MOUHOT est rappelé en septembre 1939 au sein du 1er Régiment d’Artillerie Colonial.
Engagé en 1940 dans la bataille de France, fait prisonnier, il réussit à s’évader une première fois car il est pour lui hors de question de rester en captivité... Il n’a qu’un seul objectif, rejoindre ceux qui refusent la défaite et poursuivre le combat :
"Je débarque à Alger. Sans argent, sans papiers d’identité, je traverse les frontières algérienne et marocaine, arrive à Casablanca ; ne pouvant embarquer de ce port, je pars pour Tanger, passe la frontière du Maroc espagnol (caché dans la cage à chien d’un des wagons du train). Arrivé à Tanger, je vais directement au consulat britannique, malheureusement le consul ne veut pas croire un mot de ce qu’il appelle un roman d’aventure.
Un remorqueur anglais étant en rade (Le Rescue), je décide de le prendre à la nage. En pleine nuit, vers 2 heures du matin, je me rends sur la plage après avoir enfoui mes vêtements dans le sable, je me mets à l’eau, lentement, nageant sans bruit, j’atteins le navire, par la chaîne de l’ancre je grimpe à bord. Voyant une lumière filtrant par-dessous une porte, je m’y dirige, frappe… la porte s’ouvre… Vous imaginez facilement la frayeur des matelots (voyant apparaître un fantôme ruisselant d’eau et complètement nu… ) Revenus de leur peur, je fus empoigné et conduit auprès du commandant, celui-ci, après avoir écouté attentivement mon histoire, et paraissant s’y intéresser me dit : « Restez à bord, demain j’irai voir le consul… », puis se tournant vers ses matelots : « Donnez à cet homme des vêtements chauds et un bon repas… »
Le lendemain, le commandant, après une visite au consulat, revint me voir et me dit amicalement : « O.K., boy, you can stay with us… »
Un mois plus tard j’étais à Londres."
Il rejoint les Forces françaises libres, dans lesquelles il s’engage officiellement le 21 février 1941.
Après un passage dans les Forces Terrestres de Grande Bretagne, Jacques trouve sa voie et s’engage dans la petite unité de parachutistes de la France libre que le capitaine Bergé a été chargé de créer par le général de Gaulle. Après son stage de saut, il participe à l’épopée de la Compagnie de Chasseurs Parachutistes du Levant de Syrie, qui intégre fin 1941 le célèbre Special Air Service (SAS) du Major Stirling sur le camp de Kabret, où les Anglais ont un centre d’entraînement.
En juin 1942, après de rudes entrainements au combat de sabotage en arrière des lignes ennemies, le capitaine Bergé choisit Mouhot avec Sibard et Léostic pour la fameuse mission de sabotage d’avions allemands sur l’aérodrome de Héraklion situé sur l’île de Crète, en compagnie du capitaine Lord Jellicoe et du lieutenant grec Petrakis.
C’est Mouhot qui silencieusement place les bombes à retardement sur chaque avion. Fantastique succès militaire, qui déclenche une terrible chasse à l’homme à travers l’île...
Les six hommes se dirigent vers le sud de l’île. Arrivés à quelques kilomètres de la côte, le capitaine Jellicoe et le lieutenant Petrakis partent reconnaître la plage d’où l’équipe doit être exfiltrée :
"Quelques jours plus tard, les quatre hommes (commandant BERGE, sergent Mouhot, caporal Sibard et le soldat Léostic), sont encerclés par une cinquantaine de soldats allemands (le 19 juin 1942, NDLR). Malgré le nombre nous n’hésitons pas à engager le combat à quatre contre 50, nous tenons les Allemands en respect, les munitions s’épuisent, le soldat Léostic reçoit une rafale de fusil-mitrailleur et s’écroule blessé à mort. Il est vengé aussitôt, un soldat allemand tombe à son tour frappé en pleine poitrine d’une rafale de mitraillette. N’ayant plus de munitions, nous essayons d’échapper aux recherches en nous cachant sous les ronces, mais sommes découverts les uns après les autres. Léostic est achevé d’une rafale de mitraillette.
Condamnés à mort, nous attendons d’être passés par les armes. Quinze jours passent ainsi. Un matin un soldat nous conduit auprès d’un officier allemand qui nous dit : « Messieurs, vous avez été condamnés à mort, mais le Führer vous fait grâce, à cause de la belle conduite des Français à Bir-Hakeim. Vous serez envoyés en Allemagne comme prisonniers de guerre ».
À peine arrivé en Allemagne, interné au Dulag-Luft, près de Francfort, je m’évade en passant à travers les barreaux de ma cellule (il effectuera cet exploit en passant nu et recouvert de savon...!! NDLR). Je suis repris quelques jours plus tard sur les bords du Rhin, complètement épuisé.
Envoyé à Lubeck, à l’Oflag X.C., je suis mis en cellule à cause de mon évasion de Francfort. Je n’en suis pas plus tôt sorti que je m’évade à nouveau, malheureusement je suis repris à Hambourg, renvoyé à Lübeck, retourne en cellule. Je ne me décourage pas, malgré la surveillance dont je fais l’objet, je trouve le moyen de m’évader à nouveau, le 20 février 1943, je traverse toute l’Allemagne ; la chance n’est pas avec moi, sur la frontière hollandaise je me perds dans des marécages, ayant de l’eau jusqu’à la ceinture.
Je suis obligé d’attendre le jour pour pouvoir en sortir, ayant été vu par des douaniers allemands, je suis repris et interné dans un Stalag près de Bathorn, 15 jours de cellule ; à peine sorti je m’évade encore une fois, je suis vu par une sentinelle qui tire, mais je réussis à gagner la forêt voisine, le lendemain je passais la frontière hollandaise, puis, à pied, traversais la Belgique, la France, atteignais les Pyrénées à travers les hauts sommets, évitant les vallées, toujours sur le qui-vive, j’arrivais enfin à Barcelone, où je fus pris immédiatement en charge par l’ambassade d’Angleterre. Je ne pesais plus que 52 kilos à mon arrivée à Barcelone. Un entraînement progressif devait me redonner toute ma vigueur. Je fus dirigé sur Gibraltar, un avion me prit et me déposa à Londres, où je rejoignis mon unité."
Après ces six mois rocambolesques et éreintant, il ne lui reste plus qu’à rejoindre son ancienne unité le 17 septembre 1943 (devenue entre temps le 1er Bataillon d’Infanterie de l’Air) et reprendre le dur entraînement en vue du débarquement annoncé.
Parachuté le 10 juin 1944, dans le cadre de l’opération SAMWEST dans les Côtes-du-Nord, il rejoint les SAS qui, depuis le 5, veille du jour « J », sont entrés en action pour y bloquer les forces allemandes qui se trouvent sur la péninsule bretonne.
Après la dispersion de la base de SAMWEST le 12 juin lors d’une bataille féroce avec les Allemands, il rejoint le capitaine Déplante dans la région de Pontivy dans le cadre de l’opération GROG, pour laquelle il œuvre jusqu’à la libération de la Bretagne début août.
Parti en Bretagne avec ses deux compagnons de Libye, Martin et Déjean, il en est séparé pour les besoins de l’action. Il échappe ainsi à la mort que tous deux ont connue à Kérihuel et pourra découvrir le sourire d’Alexis, le petit garçon que sa jeune épouse anglaise lui a donné.