ABEL
La 2e compagnie du 3rd SAS / 3e RCP combat dans le Doubs
Les objectifs
Le 24 août 1944, à peine revenue de sa mission en Bretagne (opération DERRY), la compagnie du capitaine Pierre Sicaud reçoit ses nouveaux ordres.
Les hommes seront cette fois parachutés dans le Doubs, afin de renforcer les FFI locaux pour bloquer la frontière suisse et la trouée de Belfort. En effet, à cette date, les Alliés ont débarqué en Provence et les troupes allemandes présentes en France se trouvent prises entre deux fronts. Il s’agit donc de ralentir ou d’empêcher leur repli vers l’Alsace, l’Allemagne et la Suisse.
La mission
La compagnie, soit environ 80 hommes, est parachutée en quatre fois en raison du mauvais temps qui oblige plusieurs avions à faire demi-tour. Le stick Gourkow est le seul à pouvoir sauter dès la nuit du 26 au 27 août et attaque le poste-frontière de Dannemarie dans la soirée du 27. Les sticks Sicaud, Thomé et Puydupin arrivent dans la nuit du 27 au 28. Le stick Duno saute quant à lui dans la nuit du 31 août au 1er septembre, et les sticks Quélen et Rosset-Cournand sont finalement largués dans la nuit du 5 au 6 septembre.
Le 29 août, les quatre sticks SAS présents se joignent aux FFI pour attaquer la garnison allemande de Pont-de-Roide. Munis d’un mortier, les paras enregistrent plusieurs coups au but mais un obus explose dans le tube, causant la mort de trois hommes et blessant le sergent-chef André Roux.
Les jours suivants sont consacrés à des embuscades et à des reconnaissances. Le 31 août, le contact est fait avec l’avant-garde des troupes françaises et américaines qui remontent depuis le sud. Le 5 septembre, les SAS entrent dans Clerval à la suite des FFI. Leur objectif est de contenir la contre-attaque allemande qui débute en fin d’après-midi, appuyée par des chars. De violents combats se déroulent pour tenir le passage à niveau puis le pont. Les hommes tiennent jusqu’au lever du jour puis décrochent alors que l’ennemi fait sauter le pont.
Le 9 septembre, les sticks Quélen et Rosset attaquent Autechaux-Roide, mettant 25 Allemands hors de combat et détruisant deux blindés. Quatre jours plus tard, les sticks Thomé, Puydupin et Gourkow prennent le village d’Accolans, ramenant 75 prisonniers.
Le 15, les Américains décident d’attaquer Geney. Après une préparation d’artillerie, les sticks Quélen, Rosset, Puydupin et Anspach lancent l’assaut à 16h. Ils se retrouvent rapidement bloqués par le feu des mitrailleuses, mortiers et canons allemands, mais aussi par les tirs de l’artillerie américaine. Les SAS tiennent jusqu’à 19h45 au prix de 4 tués et 5 blessés dans leurs rangs avant de décrocher.
Les parachutistes continuent ensuite leurs missions de reconnaissance et de patrouille jusqu’au 22 septembre.
Bilan
Au cours de l’opération Abel, les SAS sont fréquemment utilisés à contre-emploi : dans des combats frontaux, de jour, contre des Allemands disposant de blindés et retranchés sur leurs positions. Les violents combats occasionnés par cette tactique causent de lourdes pertes aux paras français : 10 tués et 10 blessés en moins d’un mois. Cependant, d’après le rapport du capitaine Sicaud, les SAS ont causé de fortes pertes aux Allemands. Plus de 300 hommes ont été tués, blessés ou capturés, 2 chars, 2 blindés et des camions ont été détruits, un train a été bloqué.
Après le 22 septembre, la compagnie est mise au repos avec le reste du régiment dans la région d’Épernay en Champagne. Les hommes peuvent se reposer et les effectifs sont complétés par des volontaires issus des FFI. Le 3e RCP, cette fois au complet, sera à nouveau engagé lors de l’opération AMHERST en Hollande (avril 1944).