PARIS

Des SAS présents à la libération de PARIS pour des missions "très spéciales"...!!

Le 17 août, Henri de Mauduit et Antonin Betbèze avaient rencontré à Rennes « le colonel de Chevigné, une partie de l’état major du général de Gaulle, des gens du B.C.R.A et le colonel Rémy. »
Il avait été suggéré qu’une équipe de parachutistes SAS accompagne et protège les services secrets alliés vers Paris. Le 19 août, les deux hommes portèrent donc le message du colonel Rémy au colonel Bourgoin, qui donna son accord à cette mission et le 21 août, un premier détachement « à bord de tractions avant noires, frappées de la marque du 2ème régiment des Parachutistes S.A.S [...] » quitte la région de Vannes avec « Henri de Mauduit, Gaston Antébi, Louis Brulon, Georges Cordier, Noël Créau, Armand Violland, André Santucci, plus un FFI, Gaby Deschamps. »

Ils passent la nuit du 22 au 23 août au château de Pontchartrain (Yvelines) où les rejoint une jeep récupérée aux américains (avec André Coste (Saint-Arnaud), Nathan Kroutchtein (Bernard Dranber), Jean Wachtausen) et arrivent au château de Rambouillet le 23 août où ils retrouvent 3 jeeps SAS sous le commandement de Antonin Betbéze.

Au matin du 24 août, un rapide briefing précise les objectifs. Une partie de l’équipe doit guider, protéger les hommes du CIC (Counter Intelligence Corps) qui vient de les rejoindre avec un groupe de la Task Force US. Ils doivent retrouver à Paris des criminels de guerre et agents ennemis connus d’eux et qui peuvent tenter de rester cachés dans la capitale.
L’autre partie doit faire rentrer au plus vite à Paris les agents de renseignement français et investir sans tarder les P.C. allemands et le siège de la Gestapo, en commençant par les hôtels Lapérouse et Majestic.
Au matin du 25 août, deux jeeps parties en éclaireurs, se faufilent à travers les colonnes blindées de Leclerc sur la R.N. 20 vers Paris.
Elles reviennent sans encombre.
Vers 16h nous décidons à notre tour de partir vers Paris avec une tractions avant.
Nous avons reçu de la “Task-Force” un armement qui fait envie aux autres SAS, chacun une “Tommy gun”. A 18h, nous entrons par la Porte d’Orléans.
En traversant Paris en liesse, nous arrivons au Petit Palais, rendez-vous fixé par les Américains, non sans avoir échangé au niveau des Tuileries, des coups de feu avec quelques Allemands isolés qui cherchent à se dégager d’une action de la résistance.
Il fait encore jour et la foule déborde d’allégresse.
Nous partons Violland et moi ainsi qu’un groupe de 4 spécialistes U.S. des renseignements pour la mairie du 2e arrondissement où l’on trouve des FFI sablant le champagne. Je dors sur un des bancs de la salle de mariage complètement épuisé. Brulon part au petit matin vers la mairie du 9e avec son groupe U.S. Cordier sera affecté au groupe qui se dirige vers le 8e arrondissement.
Samedi 26 août au matin : Henri de Mauduit et Gaston Antébi qui ont, avec le reste du groupe fait le coup de feu contre des snipers, vont chercher Rémy.
Gaston Antébi réussit à trouver un fleuriste et achète des fleurs que Rémy, de Mauduit, Antébi, Dranber, St Arnaud déposent en gerbe sur la tombe du soldat inconnu.
Ce sont les premiers.

Dans l’après-midi, vers 16 heures, le Général de Gaulle et Bidault descendent, en tête d’un long cortège, les Champs-Élysées. Les 3 jeeps de Antonin Betbèze flanquent le cortège sur le côté gauche et sont contraints de faire feu de leurs mitrailleuses sur des tireurs embusqués sur les toits. Les jeeps accompagnent de Gaulle jusqu’à Notre Dame où là encore ils doivent faire usage de leurs armes.
Dans les jours qui suivirent, les jeeps SAS sillonneront la région parisienne avec le colonel Rémy et le CIC pour débusquer les agents de la Gestapo et récupérer leurs archives. C’est au retour d’une de ces missions vers Bougival que le conducteur perd le contrôle de la jeep, Jacques Leroy trouvera la mort et Jean Bothorel sera grièvement blessé. Tous deux étaient des vétérans de Libye.

A la fin de cette mission, les SAS seront rapidement rappelés par le colonel Bourgoin afin de rejoindre le reste du Bataillon sur les bords de la Loire pour l’opération SPENCER.

Sources :

Noël Créau, “Des SAS à la libération de Paris”, in Henri Corta, Qui Ose Gagne […], Paris, SHD, 1997
Noël Créau, “Libération de Paris : les SAS étaient présents”, Bulletin de l’Amicale des anciens parachutistes SAS et des anciens commandos de la France Libre, n° 202, mars 1984